Contemplación Espiritual

Dès que nous ressentons la grande nostalgie, le désir profond d'une vie au-delà de l'horizon, deux processus se déroulent en nous : la futilité et l'aridité de notre existence, dont nous faisons de plus en plus consciemment l'expérience, et un désir de plus en plus fort d'une vie supérieure.

À une époque où l'esprit humain avait beaucoup plus d’imagination qu'aujourd'hui, le chemin spirituel était décrit principalement sous la forme d'histoires telles que les contes de fées, les mythes et les légendes. Lorsque nous pouvons nous laisser toucher profondément par de telles histoires, porteuses d'une vérité universelle, nous changeons intérieurement. C'est à ce moment-là que les images de la sagesse primordiale se gravent dans le subconscient.

L'homme moderne, même avec sa conscience plus rationnelle et individualisée, peut également ressentir l'influence curative et transformatrice de ces histoires.

L'effet de ces récits est encore plus puissant que celui de simples explications, car les symboles ont un impact sur la psyché humaine qui diffère grandement des considérations rationnelles et des concepts intellectuels. Pendant près de deux mille ans, les récits écrits sur la vie de Jésus de Nazareth ont profondément impressionné l'humanité.

Ces récits nous présentent des énigmes, des portes fermées qui ne peuvent être ouvertes qu'avec la clé qui se trouve dans la "dualité de l'être humain". Ce n'est qu'alors que les énigmes peuvent devenir de "bonnes nouvelles" (Évangile signifie "bonne nouvelle").

Parmi les nombreux évangiles qui ont été écrits, seuls quatre ont finalement été inclus dans la Bible. Seuls Matthieu et Luc décrivent la naissance de Jésus. Le récit de la naissance dans Matthieu n'est pas tout à fait comparable à celui de Luc. Marc et Jean n'ont pas écrit sur la naissance physique de Jésus, mais ont commencé presque immédiatement par la naissance transcendantale du Christ lors du baptême dans le Jourdain.

Nous pouvons considérer la vie de Jésus décrite dans les Évangiles comme une représentation minutieuse d'un chemin spirituel que tout être humain peut suivre. De ce point de vue, les évangiles sont des représentations symboliques de processus intérieurs et les personnages représentent des aspects de l'être humain extérieur et intérieur.

Le récit de Noël, l'histoire de la naissance de Jésus, est le début d'une histoire beaucoup plus vaste. C'est l'histoire de Jésus qui grandit, guérit et fait des miracles, qui choisit ses disciples et dont la vie matérielle s'achève finalement au Golgotha, suivie de la résurrection.

C'est l'histoire d'un voyage à travers le monde extérieur, vers le monde qui se trouve au-delà de l'horizon intérieur, le monde de l'Esprit. Dans L'Évangile du Verseau, l'histoire de ce voyage commence avec la naissance de Marie.

Outre l'amertume ou la tristesse, le prénom Mary signifie également "étoile de la mer". Autrefois, la trajectoire d'un navire était déterminée par la position des étoiles. La naissance de Marie en nous donne à notre vie une nouvelle étoile, une nouvelle destination.

Sinon, comment pourrions-nous traverser la mer intérieure et trouver l'entrée du passage intérieur?

La grande nostalgie

Marie peut être considérée comme la certitude inexplicable mais inébranlable qu'il existe un ordre de vie supérieur et une grande dignité humaine. La certitude de cette autre vie comprend également la grande promesse que nous serons capables d'atteindre ce but. Elle se manifeste par un sentiment que le Livre de Mirdad (écrit par Mikhaïl Naimy) appelle "la grande nostalgie". Cette nostalgie est pleine de formes à naître, mais elle a toujours un but très particulier. Dans le chapitre 31 du Livre de Mirdad, nous lisons ceci :

Comme le brouillard est la grande nostalgie. Émise par le cœur, elle enferme le cœur comme la brume, effusée par la mer et la terre, efface aussi bien la terre que la mer. Et de même que la brume dépossède l'œil de la réalité visible en faisant d’elle-même la seule réalité, ainsi cette nostalgie subjugue les sentiments du cœur et se transforme en sentiment principal. Et apparemment aussi dénuée de forme, et sans but, et aveugle comme la brume, cependant telle la brume, elle fourmille de formes à naître, voit clair et a un but bien précis.

La grande réalité de la vie "au-delà de l'horizon" se fera inévitablement connaître à ceux qui se sentent étrangers au monde qui les entoure. Cette nostalgie élève le cœur à un niveau supérieur et le ferme à l'aridité et aux apparences de la vie extérieure. Il y a alors une volonté et une ouverture pour devenir le "disciple de l'âme" et pour écouter la voix intérieure qui indique une direction complètement différente. Dans l'Évangile de Luc et dans l'Évangile du Verseau, la naissance de Jésus est précédée de l'annonce et de la naissance de Jean, qui deviendra plus tard Jean le Baptiste.

Jean naît du vieux prêtre Zacharie et de sa vieille épouse Élisabeth. Tout être humain arrivé à la frontière de sa vie, à son année zéro, est un être humain Zacharie/Elisabeth.

La tête et le cœur ne savent plus où se tourner. Ils deviennent silencieux. Les expériences de vie dans le monde extérieur se sont révélées infructueuses, "sans enfants". En réalité, cette "vieillesse" et cette apparente stérilité portent les signes d'une maturité exceptionnelle et d'un terreau fertile pour quelque chose de nouveau : Jean ...

Il se passe quelque chose de particulier : pendant son travail au temple, Zacharie entend la voix de l'ange Gabriel qui lui dit que la prophétie va s'accomplir, qu'Elie sera le précurseur du Seigneur et que sa femme Elisabeth lui donnera un fils qu'il nommera Jean.

Alors que Zacharie se tenait devant le Seigneur et qu'il offrait l'encens dans le lieu saint, Gabriel vint et se tint devant lui. Zacharie eut peur, car il pensait qu'un grand malheur allait s'abattre sur les Juifs.

Découvrir l'aridité de notre existence et reconnaître intérieurement une autre réalité peut avoir l'effet purificateur d'un choc. Les forces du domaine de l'âme pénètrent dans la personnalité réduite au silence. Et au plus profond d'elle-même naît la conscience qu'un grand changement est sur le point de se produire, qu'à partir de ce moment-là, rien ne sera plus comme avant.

Puis Gabriel se tourne vers Élisabeth "dans le silence de sa demeure" et lui annonce également la naissance de Jean. Jean, le précurseur, naît de notre quête de plus en plus stérile d'une vie bonne et pure (Élisabeth) et de notre recherche de la vérité et de la connaissance (Zacharie).

Inévitablement, chacun d'entre nous rencontrera cette limite à un moment ou à un autre. Chacun d'entre nous fera tôt ou tard l'expérience que la perfection et la connaissance que nous recherchons réellement semblent se cacher derrière un horizon lointain qui avance à la même vitesse que nous quand nous essayons de l’approcher.

Peu importe ce que nous lisons et savons, peu importe le bien que nous faisons à nos semblables, ce n'est jamais assez.

C'est ce qui caractérise Jean : le désir de l'Autre en nous, qui nous donne le pouvoir d'emprunter de nouvelles voies et qui est prêt à "être le disciple de celui qui vient après lui".

En effet, dès que nous ressentons la grande nostalgie, le désir profond d'une vie au-delà de l'horizon, deux processus se déroulent en nous : la futilité et l'aridité de notre existence, dont nous faisons l'expérience de manière de plus en plus consciente, et un désir de plus en plus fort d'une vie supérieure.

Jean, dit-on, est l'incarnation du prophète Élie. Élie symbolise l'héritage spirituel immatériel sous la forme de la force et de la sagesse laissées dans notre monde par toutes les entités humaines qui sont retournées dans le monde de l'Esprit. Dès que Jean naît en nous, Élie est mis à notre disposition.

L'homme extérieur naît d'un "homme-Jean". Le nom Jean signifie "Dieu est bienveillant", cette condition signifie que la vie supérieure peut s'exprimer autrement que par la nostalgie. Jean, l'homme extérieur, part du désir intérieur de "rendre ses chemins droits pour celui qui vient après lui".

Par Marie, nous avons la certitude intérieure que, par Jean, nous possédons la nouvelle force d'agir. Et avec Élie, toute la connaissance intérieure dont nous avons besoin est à portée de main. Jean est l'être humain au service de l'être intérieur - symbolisé par Jésus - qui naîtra non seulement après lui, mais aussi en lui.

Cinq mois passèrent, puis Gabriel vint à Marie, en sa maison de Nazareth et dit : "Salut, Marie, salut ! Tu es une fois bénie au nom du Tout Puissant, deux fois bénie au nom du Saint-Esprit, trois fois bénie au nom du Christ, car tu es digne de mérite, et tu porteras un fils qui sera appelé Emmanuel. Son nom est Jésus, car il sauve son peuple de ses péchés [...]

Puis Marie s'empressa d'aller raconter à Élisabeth les promesses de Gabriel. Ensemble, elles se réjouirent, et Marie resta quatre-vingt-dix jours dans la maison de Zacharie et d'Élisabeth, puis elle retourna à Nazareth.

Une nouvelle étape du chemin se présente.